par Rainer Rupp.
Il ne saurait y avoir d’événement plus hystérique que la campagne anti-Trump. Des dessins humoristiques de presse le comparent à Hitler, un général américain menace de faire un coup d’État. Des voix raisonnables tentent de s’y opposer, tel le spécialiste renommé de la Russie, Stephen F. Cohen, membre du Council on Foreign Relations des États-Unis – un think tank très influent. Il voit en Trump un porteur d’espoir souhaitant mettre un terme à la situation extrêmement dangereuse de la nouvelle guerre froide. Parallèlement, le support public pour les guerres étasuniennes diminue.
Récemment, lors d’une conférence de presse à la Maison blanche donnée à la suite d’une rencontre avec le Premier ministre de Singapour Lee Hsien Loong, le Président Obama a déclaré que Donald Trump «était inapte à devenir président». Il a demandé aux membres du parti républicain siégeant au Congrès de désavouer leur candidat à la présidentielle: «S’il faut constamment expliquer très clairement que ce qu’il [Trump] exprime est inacceptable, vous [Républicains] devez sérieusement vous demander pourquoi vous le soutenez toujours et encore. Qu’est-ce que cela signifie pour votre parti de choisir Trump comme porte-drapeau ?
En fait, la campagne de haine contre Trump devient de plus en plus hystérique. La campagne anti-Trump des médias est arrivée au point où même les bandes dessinées tels «The Simpsons» font de la propagande pour Hillary et diabolisent Trump. On y montre par exemple Trump lisant au lit un livre intitulé «Les grands discours de A. Hitler».
Entre-temps, un certain homme, soi-disant le plus riche du monde et roi du capitalisme corrompu, a promis à Hillary de tout faire pour lui amener, en sa faveur, des électeurs aux urnes.
La liste des va-t-en-guerre issus de l’establishment du parti républicain, dont beaucoup de néoconservateurs importants s’opposent ouvertement à la candidature du Républicain Donald Trump (ceux-ci ayant déclaré qu’ils préféraient donner leur voix à Hillary), est à vous couper le souffle.
En même temps, l’ex-général des US-Marines John Allen, ancien commandeur en chef en Afghanistan, prédit des situations catastrophiques pour la stabilité intérieure des États-Unis en cas d’élection de Trump. Ce militaire, exclu d’une promotion au poste de commandement en chef de l’OTAN en Europe (SACEUR) en raison d’un un scandale dévoilé à la dernière minute, a déclaré dimanche dernier aux informations de la chaîne de télévision ABC que l’élection de Trump «créerait une crise militaro-civile comme on n’en aurait jamais vue dans le pays.»
Mais quel est le sens de la menace de ce militant passionné d’Hillary, lorsqu’il déclare que l’élection de Trump briserait les relations entre le commandement civil et militaire ? Entre-temps, le site financier américain «Zero Hedge» s’est demandé à juste titre, si ce général n’avait pas exercé de pression en brandissant la menace d’un coup d’Etat militaire ?
Heureusement, parmi les experts américains en géostratégie et les hommes politiques du parti républicain, il n’y a pas que des va-t’en-guerre. Par exemple, un ancien candidat à la présidence des Républicains, Patrick Buchanan, a qualifié Trump, mardi dernier, dans un mémoire publié sur Internet, de candidat de la paix en raison de son approche rafraîchissante – libérée de toute idéologie de la guerre froide – concernant le rôle de l’OTAN en Europe.
Stephen Cohen, spécialiste de la Russie de renommée internationale, voit Trump comme un garant de la paix entre la Russie et l’Europe. Stephen F. Cohen, professeur émérite en études russes aux Universités de New York et de Princeton, membre influent du Council on Foreign Relations, a discuté samedi passé de Donald Trump, Vladimir Poutine et de la nouvelle guerre froide avec M. Smerconish de la CNN.
Selon Cohen, la plupart des médias rendent un très mauvais service au peuple américain en passant sous silence le contenu des arguments de Trump sur l’OTAN et la Russie tout en répandant la sale campagne simpliste de Clinton selon laquelle Trump serait «un agent russe». «Cela doit absolument finir», a déclaré Cohen. «Nous nous approchons d’un niveau absolument comparable à la crise des missiles de Cuba et à la confrontation nucléaire avec la Russie de jadis. A ce sujet, on ne trouve aucun débat dans les médias américains.»
«Et puis soudainement, Donald Trump apparaît», explique Cohen, «Il dit qu’il veut mettre un terme à la nouvelle guerre froide et coopérer avec la Russie dans différents domaines et – à l’étonnement de tous – les médias diffusent un flot d’accusations comparable à un néo-McCarthyisme, l’accusant d’être un agent russe, un «candidat mandchou» et un «partenaire d’affaires de Poutine.» «Actuellement, nous sommes dans une année d’élections présidentielles où un débat doit avoir lieu. Mais cela, les médias ne nous l’offrent pas.»
Concernant la prétendue «menace russe» en Europe orientale et l’affirmation de la Russie à vouloir mettre un terme à l’indépendance des États baltes, Cohen précise: «Il n’y a aucune preuve à disposition. Absolument rien.» Et d’ajouter: «Revenons aux paroles de Trump concernant l’OTAN. Dès le début, il a déclaré qu’il voulait connaître la mission actuelle de l’OTAN – plus de 65 ans après sa création. Des centaines de spécialistes politiques ont posé – depuis la fin de l’Union soviétique il y a 25 ans – la même question aux autorités de Washington. L’OTAN est-elle une organisation à la recherche d’une mission ?»
«C’est une question absolument fondée. Mais nous n’en débattons pas. Nous ne posons aucune question. Nous disons simplement, oh, Trump veut quitter l’OTAN.» Voilà les paroles du professeur Cohen.
Mais comment, les électeurs – donc l’«Amérique profonde» – ont-ils réagi aux reproches des va-t-en-guerre des deux partis, affirmant que Trump voulait miner l’architecture de sécurité ayant garanti la paix au cours des 65 dernières années ? L’Amérique profonde n’a pas du tout réagi. Les électeurs ne sont ni choqués ni horrifiés. Qu’est-ce que cela signifie ? Le soutien public, c’est-à-dire le fondement sur lequel Washington s’est, depuis 1949, basé pour mener des guerres dans plusieurs douzaines de pays en Europe, au Proche et Moyen-Orient ainsi qu’en Asie, s’est écroulé.
(Traduction Horizons et débats)
Source: RT du 05/08/2016