22 juil. 2018, RUSSIA-TODAY FRANCE
L’autorité de surveillance des marchés en Suisse reproche à Rothschild Bank AG et à une de ses filiales d’avoir «gravement enfreint» les prescriptions dans la lutte contre le blanchiment d’argent, dans le scandale du fonds souverain malaisien 1MDB.
La banque zurichoise Rothschild Bank AG et sa filiale Rothschild Trust (Suisse) SA, affiliées à Rothschild & Co et cotée sur Euronext Paris, ont fait preuve de négligence quant à leurs obligations «de diligence, de communication et de documentation» des transactions dans ce qui constituait «une relation d’affaires importante», dans le scandale du détournement d’argent par le fonds d’Etat malaisien 1MDB, selon un communiqué publié le 20 juillet par la Finma, l’autorité de surveillance des marchés en Suisse.
«Bien que de premiers indices d’une possible implication du client dans des activités de blanchiment d’argent fussent déjà présents au moment de l’ouverture de cette relation d’affaires, les établissements ont décidé de poursuivre cette relation et même de la développer de manière conséquente ultérieurement», a fait valoir l’autorité de surveillance. La Finma a reproché à la banque et à sa filiale d’avoir «insuffisamment clarifié l’origine des fonds», de ne pas avoir assez documenté des transactions «présentant des risques accrus» et de n’avoir alerté le bureau de communication en matière de blanchiment d’argent qu’avec «un retard considérable».
La Finma a déclenché sept procédures contre des banques suisses dans le cadre de ce vaste scandale politico-financier qui secoue la Malaisie depuis 2015. Créé en 2009 à l’arrivée au pouvoir du Premier ministre Najib Razak pour moderniser son pays, le fonds souverain 1MDB a été au cœur d’allégations de corruption, avec de vastes ramifications internationales, ayant entraîné l’ouverture d’enquêtes en Suisse, à Singapour et aux Etats-Unis.
Simple audit requis contre Rothschild Bank AG
La plus lourde sanction prononcée par la Finma avait concerné la banque BSI, dont elle avait ordonné la dissolution, autorisant cependant son achat par le groupe bancaire EFG International, qui avait déposé une offre pour la reprendre quelque mois avant que le scandale n’éclate. Elle avait également ordonné des confiscations de gains indûment réalisés, notamment à Falcon Private Bank, à laquelle elle avait également interdit de conclure de nouvelles relations avec des personnes politiquement exposées à l’étranger, la prévenant qu’elle se verrait retirer sa licence en cas de récidive.
Dans le cas de Rothschild Bank AG et de sa filiale, la Finma n’a requis qu’un audit des mesures de contrôle interne, notant qu’elles avaient, «de leur propre chef», déjà pris des mesures pour améliorer le respect de leurs obligations dans la lutte contre le blanchiment d’argent. La banque a pris note des commentaires du régulateur et a dit «reconnaître et regretter» les manquements, dans un courriel adressé à l’AFP, soulignant qu’elle s’efforçait de «constamment renforcer ses systèmes et procédures».
Le cas de Rothschild Bank AG et de sa filiale marquait la septième et dernière procédure entamée par la Finma, qui a désormais clos toutes ses enquêtes à l’encontre des banques suisses dans le scandale lié au fonds 1MDB.