Veut-on relancer une nouvelle guerre mondiale ?

Un regard historique sur le rôle de l’UE, de l’OTAN et de la Première Guerre mondiale

par Wolfgang Effenberger*

 

Le 24 juin 2016, à peine 24 heures après le vote des Britanniques sur le retrait de leur pays de l’UE, Paul Craig Roberts demanda sur la page internet de son «Institute for Political Economy»: «The Brexit Vote – What does it Mean?» et donna dans son article chargé de dynamite une réponse claire: «Espérons un effondrement de l’UE et de l’OTAN et ainsi l’empêchement d’une troisième guerre mondiale».1

Pour l’ancien Haut fonctionnaire du ministère des Finances du gouvernement de Ronald Reagan, l’UE et l’OTAN sont des «institutions diaboliques» («evil institutions»), créées par les États-Unis, «pour détruire la souveraineté des peuples européens. L’OTAN et l’UE assurent à Washington le contrôle sur le monde occidental. Uniquement sous ce camouflage, l’agression de Washington est possible. Sans l’UE et l’OTAN, Washington ne pourrait plus pousser l’Europe et le Royaume-Uni à entrer en conflit avec la Russie. Sans l’UE et l’OTAN, Washington n’aurait pas pu détruire ces 15 dernières années, sept pays musulmans, sans être haï et isolé en tant que criminel de guerre. Pas un membre du gouvernement américain n’aurait pas pu voyager à l’étranger sans se faire arrêté et mis devant le tribunal.»2

Il est intéressant de se pencher sur l’analyse accablante de Paul Craig Roberts dans son contexte historique:

Le président français Charles de Gaulle avait déjà compris très tôt qu’il s’agissait pour les Américains et les Britanniques avant tout du raccordement des pays occidentaux aux piliers transatlantiques de l’OTAN et de l’UE (autrefois CEE). Déjà dans les premiers mois de l’année 1947, les Etats-Unis avaient conservé depuis la Seconde Guerre mondiale deux centres de commandement restants des structures de commandement de guerre: en Eurasie orientale, le commandement militaire du Pacifique PACCOM et en Eurasie occidentale, le commandement militaire européen EUCOM. Le 4 avril 1949, l’OTAN a été fondée avec pour objectif, «de tenir les Russes à l’extérieur, les Américains à l’intérieur et les Allemands en bas»,3 selon les mots du premier Secrétaire général de l’OTAN, Lord Ismay. Et déjà en décembre de la même année, l’OTAN adoptait un plan de guerre Dropshot, prévoyant en 1957 une attaque contre l’Union soviétique.4 Ces ambitions impériales agacèrent de Gaulle profondément. Pour lui, l’Europe allait de l’«Atlantique à l’Oural».

Au niveau économique aussi, l’Europe devait être partagée. Le 9 mai 1950, journée que nous fêtons aujourd’hui comme «Journée de l’Europe», le ministre français des Affaires extérieures Schumann annonçait à la surprise des Européens de l’Ouest (Adenauer l’a appris seulement quelques heures auparavant) la création d’une «Communauté européenne du charbon et de l’acier» (CECA).

John Foster Dulles, le principal tireur de ficelles

Derrière ce plan se trouvait tout un réseau d’hommes politiques, de militaires, de banquiers, d’industriels et de spéculateurs. John Foster Dulles devint le principal stratège de l’ombre. La CECA remonte avant tout à l’entrepreneur et diplomate français Jean Monnet (1888–1979). Depuis les traités de Versailles (1918/19), Jean Monnet était lié d’amitié personnelle et politique pendant toute sa vie avec John Foster Dulles, à l’époque conseiller sous Bernhard Baruch, l’ancien représentant en chef de la Commission de réparation américaine et membre du «War Trade Board» (Bureau central pour la planification et statistique). Sous l’instruction de Baruch, Dulles formula juridiquement l’article 231 du Traité de Versailles, où la «Kriegsschuldfrage», la question de la responsabilité de l’Allemagne dans la guerre, fut traitée. Cet article fut la raison essentielle pour laquelle la première délégation allemande menée par le comte Brockdorff-Rantzau, refusa sa signature.5

Pour forcer à l’acceptation de cet accord de paix, on a prolongé l’embargo maritime effectif après le cessez-le-feu du 11 novembre 1918. Après que le ministre des Affaires étrangères Hermann Müller (SPD) et le ministre des Transports Johannes Bell (Zentrum) aient signé le 28 juin 1919 sous protestation le Traité de paix de Versailles, l’embargo maritime fut levé le 12 juillet 1919.6

En 1921, Dulles devint co-fondateur du «Council on Foreign Relations», puis membre de la «Fondation Rockefeller» et participa au «Plan Dawes» et au «Plan Young», au moyen desquels les paiements de réparation allemands devaient être réglés.7

Les clients principaux de Dulles étaient après 1919, des entreprises telles que l’«International Nickel Company» ou la «Overseas Security Cooperation», mais aussi des banques telle la «J.P. Morgan». Il les conseilla lors d’affaires de crédit et en prit également, dans certains cas, la direction. John Foster Dulles et son frère Allen représentaient dans le cadre de leurs activités auprès du cabinet économique Sullivan & Cromwell les intérêts d’entreprises américaines, allemandes et européennes. Chase Bank, Ford, ITT, SKF, le groupe I.G. Farben ainsi que la Banque nationale belge en faisaient partie. Ils représentaient ces entreprises pas seulement au niveau juridique, mais aussi comme marques de réservation cachées pour des parts de société et comme lobbyistes politiques.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, Dulles travailla également pour le compte de la «Banque des règlements internationaux».8

En 1945, Dulles conseilla Arthur H. Vandenberg lors de la conférence de fondation des Nations Unies à San Francisco et participa à l’élaboration du Préambule de la Charte. Plus tard, Dulles devint membre de l’Assemblée générale pendant les conférences entre 1947 et 1949. En même temps, il poussa à la création de l’OTAN et plus tard de son pendant de l’Asie du Sud-Est, l’OTASE ou pacte de Manille. En tant que partisan de la Guerre de Corée, il s’était prononcé très vivement contre la politique d’endiguement (containment) du Président Truman et s’engagea pour une variante plus agressive, une politique de dissuasion massive.

En tant que directeur de la CIA et ministre américain des Affaires étrangères, les frères Allen et John Foster Dulles poursuivirent leurs activités précédentes sans relâche.9

Abolition des nations européennes historiques

Avec la fondation de la Communauté européenne du charbon et de l’acier, la première étape pour l’abolition des nations européennes historiques était faite. Ainsi le plan Schuman, n’était pas le début de la construction de l’Europe mais le début de la destruction des nations européennes par des institutions supranationales.

De Gaulle voyait à cette époque un risque dans les relations particulières de la Grande-Bretagne avec les États-Unis, ce qui le motiva d’empêcher son adhésion à la Communauté économique européenne. Le fait qu’il garda ses distances envers la stratégie géopolitique anglo-américaine et qu’il développa une relation de confiance avec Konrad Adenauer, le Chancelier allemand de l’Après-guerre, a permis d’éviter une répétition de la politique de Georges Clémenceau, qui empoisonna après la Grande guerre la relation, auparavant déjà difficile, entre la France et l’Allemagne.

De la discorde à une attaque nucléaire

Etant donné que les explications de Paul Craig Roberts concernant les raisons de la création de l’UE et de l’OTAN sont irréfutables, il n’est pas le seul craignant une troisième guerre mondiale. Le même jour de la parution de son article, le journaliste canadien Murray Dobbin, auteur et militant pour la défense des droits de l’homme, a publié, dans les colonnes du mensuel américain Counterpunch un article intitulé «Do We Really Want a War with Russia?».10 L’ancien membre de la direction du «Canadian Centre for Policy Alternatives» y défend que l’OTAN s’est continuellement élargie en absorbant plusieurs anciennes républiques soviétiques telles la Pologne, la Hongrie, la Bulgarie, la Lituanie, la Lettonie, l’Estonie et la Roumanie. Il n’est guère étonnant que la Russie qualifie cette expansion de massive violation de sa confiance envers l’Occident et de menace militaire – surtout si l’on se rappelle que l’OTAN fut officiellement fondée en tant que rempart conte le communisme soviétique. Par conséquent, l’OTAN aurait dû être dissoute en 1990. Dobbin estime que la Pologne a un rôle clé dans cette dangereuse charade. Fait-il allusion à la situation polonaise de 1938/39, similaire à aujourd’hui, où la guerre commença suite à des tensions aux frontières occidentales de la Pologne. Au cours de 2016, l’OTAN réalisa des manœuvres militaires de grande envergure – Dobbin renvoie à l’opération Anaconda avec ses 30 000 soldats occidentaux, le plus grand déploiement militaire à la frontière russe depuis l’invasion allemande de la Russie en juin 1941.

Le président polonais: «Nous nous préparons à une attaque»

Les paroles menaçantes du président polonais Andrzej Duda sont claires: «L’objectif de ces manœuvres militaires est évident. Nous nous préparons à une attaque.»11
Après le commentaire de Dobbin, un autre article au titre identique a paru sur le site de l’Institut de paix de Ron Paul, rédigé par le journaliste américain de renom international Eric Margolis.12 Il a terminé ses études à la «School of Foreign Service» (SFS), faisant partie de l’Université de Georgetown à Washington D.C., la plus ancienne université catholique des Etats-Unis, dirigée par des jésuites. Elle fut fondée en 1919, par le prêtre jésuite Edmund A. Walsh qui y enseigna en même temps que Karl Haushofer, la géographie politique. Aujourd’hui, Mme Madeleine Albright est également membre du corps enseignant.13

Eric Margolis encourage tous les politiciens actuels de lire et relire le chef-d’œuvre de Christopher Clark intitulé «Les somnambules». Pour Margolis, Clarc décrit «avec précision, comment les petites intrigues (small cabals) des officiels français, anglais et russes, unis dans leur rancune antiallemande, manipulèrent la Première Guerre mondiale, un conflit inutile, idiot et dénué de toute logique. […] Nous nous trouvons aujourd’hui devant un processus pareil. Les parties bellicistes de Washington, soutenues par le complexe militaro-industriel, les médias apprivoisés et les néo-conservateurs, tous s’engagent en faveur de la guerre […]. Depuis Frédéric le Grand, les sages chefs d’Etats et de gouvernements européens ont appris à ne pas combattre la Russie […]. On frissonne à l’idée de voir à l’avenir Hillary Clinton en chef suprême des armées […]. Tout ce qu’il faut actuellement pour déclencher la grande guerre entre les deux puissances nucléaires est un attentat du genre de celui de Sarajevo.»14

Ce qu’on ne lit pas chez Christopher Clark

Qu’aurait écrit Margolis s’il avait été au courant d’autres connexions qu’on ne trouve pas dans le livre de Clark ? Clark éclipse, par exemple, les activités du département de la marine dans le «Committee of Imperial Defense»: les préparatifs à longue échéance d’un blocus maritime (en violation du droit international !) contre l’Allemagne, devant frapper massivement l’économie allemande. Deux membres de ce département du CID ont clairement témoigné: Maurice Hankey dans «The Supreme Command»15 et A.C. Bell dans «A History of the Blockade of Germany».16 Le département de la marine avait élaboré, dès 1908, de tels plans qui plaisaient beaucoup à Churchill, le 1st Sealord de l’époque.

Selon Sir Julian Corbett, historien de la marine britannique, fin stratège et historien officiel de la Royal Navy, la Première Guerre mondiale fut planifiée par Lord Hankey et ses collaborateurs au sein du gouvernement britannique, «avec une exhaustivité soignée jusque dans les derniers détails, unique dans notre histoire.»17

Il est caractéristique que les noms des auteurs Hankey, Bell et Corbett ne figurent pas dans l’index des «Somnambules» de Christopher Clark. Ils font également défaut dans les publications de langue allemande de Winkler, Münkler, Friedrich et Leonhard.

La Première guerre mondiale dans l’analyse de Léon Trotski

Léon Trotski est un autre témoin de son époque, dont l’analyse historique ne flatte guère la Grande-Bretagne:

«[…] La démocratie anglaise a tout de même conduit à la guerre impérialiste, pas seulement au sens de la responsabilité générale de la guerre incombant à tous les Etats capitalistes – non, dans le sens de la responsabilité directe de la diplomatie anglaise, poussant l’Europe de manière consciente et préméditée à la guerre. Si la ‹diplomatie› anglaise avait déclaré d’intervenir dans la guerre aux côtés de l’Entente, l’Allemagne et l’Autriche-Hongrie auraient probablement reculé. Si l’Angleterre avait déclaré vouloir rester neutre, cela aurait probablement incité la France et la Russie au retrait. Mais le gouvernement britannique n’a pas agit de la sorte: il a, tout au contraire, promis en secret son soutien à l’Entente, tout en laissant, pour les tromper, planer l’idée de sa neutralité dans le camp de l’Allemagne et de l’Autriche-Hongrie. C’est ainsi que la ‹démocratie› anglaise a provoqué la guerre […].»18

Les «marchands de la mort» et les leçons à tirer de la Guerre mondiale

Ce furent donc des cabales majeures qui, en 1914, conduisirent à la guerre et non pas des «small cabals». En réalité, c’était un cercle restreint d’hommes politiques britanniques qui agirent dans le dos de leurs collègues ne se doutant de rien: Edward Grey, Richard Haldane, Herbert H. Asquith et notamment Winston Churchill. Ils ont pris le cabinet et le Parlement à l’improviste pendant qu’à l’arrière-plan, Lord Milner tirait les ficelles. En 1934, sous la présidence du sénateur Gerald Nye, le «Senate Munitions Investigating Committee» commença à enquêter sur l’influence des banques et des entreprises d’armement américaines sur l’entrée en guerre des Etats-Unis en 1917. Le comité constata que l’industrie de l’armement avait, outre des accords de prix avant et pendant la guerre, eu une forte influence sur la politique étrangère américaine. Suite aux immenses crédits attribués à l’Entente, les banques Morgan auraient dû, en cas de défaite de l’Entente, déposer ses bilans. Deux ans plus tard (après 93 auditions et 200 témoins, dont J. P. Morgan), le comité arriva à la conclusion que les «marchands de la Mort» (merchants of death), c’est-à-dire les banquiers et les industriels de l’armement, avaient «forcé» les Etats-Unis «par des tromperies» à entrer en guerre.19

Ne reconnaissez-vous pas certaines parallèles avec l’actualité dans ce scénario? A partir de 2008 au plus tard, on reconnaît, derrière les troubles politiques et les conflits partout dans le monde, des intérêts spécifiques nourris par la recherche effrénée de profits et de ressources. Comme à l’époque, on attise, voire on provoque, des conflits pour ruiner les économies nationales et rendre les États dépendants. L’impérialisme n’a jamais été enterré depuis la Seconde Guerre mondiale.

Un regard sur l’Histoire récente nous montre que la plupart des crises actuelles ont leurs racines dans la politique impériale du début du XXe siècle. Il s’agissait de l’exploitation brutale et du mépris d’autres cultures. Depuis la Paix de Versailles, les humiliations infligées ne purent être perpétuellement réprimées. La commémoration des 100 ans de Versailles pourrait être l’occasion pour toutes les parties concernées de reconnaître leur part de responsabilité et d’initier un processus de guérison. Ainsi, on pourrait mettre en œuvre les 14 points de Wilson au moins rétroactivement.

La condition préalable nécessaire est cependant le démantèlement des actuelles structures impériales occidentales. Avec la sortie de la Grande-Bretagne de l’UE dominée par l’OTAN, il faudrait lancer un processus de restructuration en vue d’une véritable Communauté européenne comprenant également la Russie.

(Traduction Horizons et débats)

 

* Wolfgang Effenberger, né en 1946, est journaliste et auteur. Ses deux dernières publications s’intitulent «Widerkehr der Hasardeure. Schattenstrategen, Kriegstreiber, stille Profiteure 1914 und heute» (en collaboration avec Willy Wimmer), 2014 (ISBN 978-3-943007-07-7) et «Geo-Imperialismus. Die Zerstörung der Welt», 2016, (ISBN 978-3-86445-323-6)

1 Craig Roberts, Paul. The Brexit Vote – What Does it Mean? Friday June 24, 2016 www.paulcraigroberts.org/2016/06/24/the-brexit-vote-paul-craig-roberts/
2   idem.
3 Gebauer, Matthias; Neukirch, Ralf; Repinski, Gordon; Schult, Christoph. «VERTEIDIGUNG: Fortschritt im Schneckentempo» in Der Spiegel 9/2013 www.spiegel.de/spiegel/print/d-91203385.html
4  Cf. Effenberger, Wolfgang. Das amerikanische Jahr­hundert Teil 1 «Die verborgenen Seiten des Kalten Krieges». Norderstedt 2011
5   Der Unfriede von Versailles. In: Der Spiegel Nr. 28, 2009 (online).
6   Osborne. Britains Economic Blockade of Germany 1914–1919, p. 189  Cf. Vincent, C. Paul. The Politics of Hunger: The Allied Blockade of Germany, 1915–1919. Ohio University Press, Athens, Ohio 1985
7   Le plan Young remplaça en 1929 le plan Dawes
de 1923. Selon ce plan, les paiements de réparations de 121 mia. de reichsmark devaient être versés en 59 ans (donc jusqu’en 1988). Suite à la crise économique mondiale, le transfert des paiements fut entravé et ajourné en 1931 dans le cadre du moratoire Hoover. En 1932, on annula définitivement le plan Young lors de la Conférence de Lausanne.
8 La Banque des règlements internationaux (BRI) fut crée le 17 mai 1930 dans le cadre d’une réorganisation des réparations dues par l’Allemagne. C’est l’organisation financière internationale la plus ancienne au monde. Cf. également: «Schweiz: Hitlers beflissene Hehler». In: Der Spiegel du 17 mars 1997 (Der Spiegel 12/1997 online) (accès le 12 septembre 2015).
9   Cf. Rügemer, Werner. Die Berater. Bielefeld 2004
10 Dobbin, Murray. «Do We Really Want a War With Russia?» www.counterpunch.org/2016/06/24/do-we-really-want-a-war-with-russia
11     idem.
12    Margolis, Eric. «Do we really want war with Russia? http://ronpaulinstitute.org vom 25. Juni 2016
13   Mme Albright est également membre du comité du «Council on Foreign Relations», de l’«Aspen Institute» et du «Center for American Progress». En 2009, elle présenta, en tant que directrice d’un groupe d’experts, une nouvelle conception stratégique pour l’OTAN.
14    Margolis, Eric. «Do we really want war with Russia?» http://ronpaulinstitute.org vom 25. Juni 2016
15    Hankey, Maurice. The Supreme Command 1914–1918. George Allen & Unwin, London 1961
16    Bell, A. C. A history of the blockade of Germany and of the countries associated with her in the great war, Austria-Hungary, Bulgaria, and Turkey, 1914–1918. London 1937
17    Corbett, Julian. Official History. Naval Operations. London 1921, Vol. 1, p. 18
18    Trotzki, Leo. Wohin treibt England? Europa und Amerika. Reprint Berlin 1972, p. 54
19 Effenberger, Wolfgang/Wimmer, Willy. Wiederkehr der Hasardeure – Schattenstrategen, Kriegstreiber, stille Profiteure 1914 und heute. Höhr-Grenzhausen 2014, p. 438

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