Deux semaines après la rédaction d’une note diplomatique confidentielle à la direction de l’Union européenne du ministère de l’Europe et des affaires étrangères ainsi qu’à la présidence de la République, révélée le 29 juin par Mediapart, et laudatrice envers le Premier ministre hongrois Viktor Orban, Emmanuel Macron a décidé de démettre son auteur de ses fonctions. Eric Fournier n’est donc plus ambassadeur de France à Budapest.
Dans un décret publié ce 30 juin et daté du 28 juin 2018, le diplomate est ainsi «appelé à d’autres fonctions». Est nommée en remplacement Pascale Andréani, qui était depuis 2015 chef de la délégation française à la Commission intergouvernementale Tunnel sous la Manche (CIG).
Entre-temps, Emmanuel Macron avait répondu aux questions d’une journaliste de Mediapart sur la note confidentielle, à l’occasion d’une conférence de presse clôturant le Conseil européen qui s’est tenu à Bruxelles ces 28 et 29 juin. Dans sa réponse, le locataire de l’Elysée expliquait qu’il «ne partage[ait] en rien» les propos de l’ambassadeur Eric Fournier, qui expliquait dans sa note diplomatique du 18 juin que c’était «par jalousie» que les commentateurs, français notamment, avaient, selon lui, développé une «magyarophobie» [le mot «magyar» signifie «hongrois» dans la langue du pays et est utilisé pour désigner le peuple hongrois]. Pour le diplomate, la Hongrie est «un modèle ayant su anticiper les problèmes posés par les mouvements migratoires illégaux».
Ces positions, ce sont celles que d’autres sur la scène politique française défendent et que je combats. Elles ne correspondent en rien à la position française
Dans une sous-partie de la note intitulée «le mythe du populisme», Eric Fournier expliquait encore qu’«aucun gouvernement européen ne [pouvait] se prévaloir d’une triple victoire électorale consécutive avec deux-tiers des suffrages», en référence aux succès récurrents de Viktor Orban dans son pays. Il comparait également le chef du gouvernement hongrois au Real Madrid, triple vainqueur en titre de la Ligue des champions de football.
«Ces positions, ce sont celles que d’autres sur la scène politique française défendent et que je combats. Elles ne correspondent en rien à la position française», avait souligné Emmanuel Macron.