Auray (Morbihan) : Des élèves auditionnés par la gendarmerie au sujet des cours de leur professeur sur la Russie et Vladimir Poutine

Gendarmerie

BREIZATAO – POLITIKEREZH (02/03/2016) Ce professeur d’histoire et de langue bretonne du collège Sainte-Anne à Sainte Anne d’Auray – en Bretagne – n’en revient toujours pas. Revenant de vacances, Pascal G. a appris avec stupéfaction que ses élèves de troisième année de collège avaient été auditionnés par la gendarmerie. Motif de l’enquête ? La façon dont l’enseignant aurait présenté la Russie contemporaine durant ses cours.

Convocations d’élèves en série

Le professeur, âgé d’une quarantaine d’années, enseigne depuis une dizaine d’années dans la filière bilingue français-breton de l’établissement Saint-Anne de la ville d’Auray, dans le département du Morbihan. Celle-ci assure les cours généraux prévus par les programmes du ministère de l’Éducation, mais en langue bretonne.

Bien noté de ses supérieurs, les responsables de l’établissement ont été aussi surpris que lui d’apprendre les faits.

Le 17 février en effet, six élèves étaient convoqués par la gendarmerie d’Auray pour subir un long interrogatoire au sujet des cours dispensés par leur professeur. Les enquêteurs ont ainsi tenu à savoir ce qu’avait déclaré l’enseignant “au sujet de la Russie et de Vladimir Poutine” durant les cours d’histoire dispensés en langue bretonne par ce dernier.

C’est lors de la rentrée des classes que Pascal G. a été informé par ses élèves de leur mésaventure, choqués de leur expérience.

Cour de géopolitique contemporaine

Le professeur, conformément aux programmes scolaires, doit aborder “l’introduction à la géopolitique contemporaine” et notamment la situation de la Russie actuelle.

“J’ai d’abord fait un état des lieux de la Russie après la fin du communisme. J’ai expliqué les grandes lignes de la politique du président russe, Vladimir Poutine. Une politique qui a consisté à constituer une classe moyenne en Russie tout en s’appuyant sur le sentiment patriotique, après les années de crise de la présidence de Boris Eltsine” détaille le professeur dans un email.

“Je suis revenu sur les alliances entre la France et la Russie au XXème siècle, en 1914 mais aussi entre 1940 et 1945” poursuit-il.

“J’ai traité l’engagement russe en Syrie et en Irak contre Daech aux côtés des forces armées françaises”précise t-il.

“J’aborde l’histoire sur la base des faits, j’essaie d’expliquer la complexité des rapports géopolitiques afin de développer l’esprit critique des élèves. Je ne me prononce pas sur le bien-fondé ou non des actions menées par une diplomatie” conclut-il.

Police politique

Le professeur, dont les élèves ont tenu à lui manifester leur soutien, ne s’explique pas ce qui lui arrive. Il doit être entendu à son tour dans les prochains jours par la gendarmerie. Malgré ses demandes, celle-ci ne lui a pas donné de détails sur les raisons de l’enquête de police dont le caractère politique est évident.

Respecté par ses pairs, la hiérarchie du professeur n’a pas été davantage alertée de l’enquête. Signe de ce qu’aucune procédure disciplinaire interne n’a été entreprise.

La France et la Russie coopèrent en Syrie

L’action de la gendarmerie intervient alors que le ministre de la Défense français, Jean-Yves Le Drian, s’est rendu à Moscou courant décembre 2015 afin de “coordonner” les efforts de l’armée française avec ceux de l’armée russe en Syrie. Il s’agit pour Paris et Moscou de conjuguer leurs efforts contre le groupe terroriste “Etat Islamique”, responsable des attentats sanglants de Paris, en novembre.

Sources: Breiz Atao & Blog de Mediapart

 

  • Mise à jour de cet article avec le témoignage de l’intéressé lui-même :

Pascal Geneste intérrogé au micro de Sputnik.

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