Assujettissement de l’Allemagne aux troupes américaines en marche pour l’Europe orientale

Interview de Jochen Scholz* accordée à Sputniknews

Sputniknews: Monsieur Scholz, actuellement, environ 4.000 soldats américains et 87 chars quittent l’Allemagne en traversant la Pologne pour être déployés dans divers États membres de l’OTAN en Europe de l’Est. Est-ce beaucoup ou peu ?

Jochen Scholz: Cela dépend de ce qu’on veut en faire. Il s’agit d’une brigade, donc d’un tiers de division. Il est impossible de mener une guerre ainsi. Le point crucial du point de vue allemand, c’est que cette opération n’a pas lieu dans le cadre de l’OTAN. Il s’agit en fait d’un accord bilatéral entre la Pologne et les États-Unis. Par conséquent, la question se pose de savoir sur quelles bases juridiques repose le soutien logistique de la part de l’Allemagne envers les États-Unis. Le domaine entier de la base logistique de la Bundeswehr a effectivement pris part à cette opération. Tout ceci devant être financé, on peut s’imaginer qui prendra en charge les coûts.

Des soldats et des engins de guerre américains sont stationnés en Allemagne et ailleurs en Europe. En cas de conflit, il se pourrait donc que l’Europe occidentale serve de «hub» (ou de carrefour) pour des opérations militaires offensives ou défensives de la part des États-Unis ?

Évidemment. Ce fut déjà ainsi durant la guerre froide. On avait alors planifié qu’en cas de guerre, un maximum de 900.000 soldats américains pourrait être transporté en Europe en passant par l’aéroport de Francfort-sur-le-Main. Les bases américaines en Europe pourraient, du coup, être utilisées comme tremplin en cas de confrontation directe. Là encore, on peut se demander quel est le fondement juridique légitimant l’exploitation de ces bases par les Américains.
Le traité de l’OTAN est, en ce qui concerne ces forces, la base juridique faisant référence. Mais tout ce qui va au-delà de cet accord, comme par exemple la projection de forces américaines depuis chez nous vers d’autres régions du monde, n’est pas conforme aux accords de stationnement. Les troupes américaines en Europe de l’Est devraient suivre un tournus tous les neuf mois.

Cela signifie-il que cet embarquement par le port de Bremerhaven bénéficiant du soutien allemand se répétera tous les neuf mois ?

On peut estimer que oui, si l’on accepte que Allemagne serve de pivot et offre volontairement ses services. On peut se poser la question de savoir pourquoi tout ceci n’a pas lieu à Danzig.

Il y eut aussi des manifestations contre cette opération militaire.

En effet, mais uniquement de manière locale à Bremerhaven. C’est encore une des ces histoires dont on parle guère dans le reste de la République fédérale. Les médias suprarégionaux couvrent cette histoire de manière très réduite et superficielle. Pourtant, il s’agit là du plus gros transfert d’hommes et d’équipement militaires en provenance des États-Unis vers l’Europe depuis la fin de la guerre froide.

Cela signifie-il que la situation est plus grave aujourd’hui que dans les années quatre-vingt ?

Non, ce n’est pas le cas. Je considère ces activités sous plusieurs points de vue. Premièrement, l’administration Obama et son ministre de la Défense Ashton Carter font ainsi un croche-pattes supplémentaire au président élu. Deuxièmement, on veut démontrer au public allemand et européen à quel point la Fédération de Russie est dangereuse, notamment pour ses pays voisins, tels les pays Baltes. Troisièmement, par de telles actions, on peut influencer positivement l’opinion publique et justifier une hausse des dépenses pour le secteur militaire. Et selon la réaction de la Russie, on dira par exemple, comme quatrième argument, dans le cas ou elle déploierait des troupes en réponse à l’opération américaine: voyez comme la Russie met en place des forces offensives alors que nous voulons uniquement protéger les pays Baltes.

On part donc de l’idée que la Russie pourrait envahir ces pays ?

Ils savent très bien que la Russie n’a aucune intention de ce genre. Mais cela fait partie de ce petit jeu. On imagine une menace irréelle pour légitimer davantage de présence et de dépenses militaires. Il faut voir aussi, qu’après la guerre froide, les plus hauts fonctionnaires, notamment dans les pays Baltes, ont, après la fin de l’Union soviétique, tous été formés aux États-Unis. Ils ont étudié dans les universités américaines et sont donc implicitement influencés. Ils participent évidemment à ce jeu, et disent à leur population que le méchant Russe les menace. Je ne peux que faire référence à ce qu’à dit le président russe voici quelques semaines: «Alors, réfléchissez, de Moscou à Vladivostok ce sont 9.000 kilomètres. Nous avons vraiment d’autres chats à fouetter que de vouloir englober les pays Baltes».

Source: Sputniknews du 11/1/17

1962 High School à Kaufbeuren / Allgäu De 1.962 à 2.000 officier de carrière dans l'Aviation 1974-1979 étude de l'histoire et de la politique [3] Conseiller politique étrangère et de membre de la Commission européenne de sécurité et l'avenir de la Bundeswehr à l'Institut de recherche sur la paix et la politique de sécurité à l'Université de Hambourg. [4] Les six dernières années de service utilisées au sein du ministère fédéral de la défense dans la barre de l'inspecteur général. Avant douze ans dans les organes de l'OTAN, six ans dans le personnel de l'OTAN. "[5]

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