Lettre ouverte à François Hollande

Monsieur le Président de la République française,

poro hollande

Je tiens à préciser en préambule, Monsieur Hollande que je ne vous apprécie pas, cependant je respecte la fonction présidentielle que les français vous ont confié par défaut en 2012 et que vous prétendez exercer.
Aussi c’est au Chef de l’Etat français que j’adresse ici mon indignation suite à votre déclaration conjointe avec le Président ukrainien Porochenko prononcée le 21 juin 2016 à Paris.
En effet, lors de cette brève intervention, Monsieur Hollande vous avez fait montre, au sujet de la crise ukrainienne, d’une partialité haineuse et mensongère vis à vis de la Fédération de Russie et qui dépasse de beaucoup le style obséquieux que vous avez adopté envers votre invité ukrainien.

Abusant de votre fonction présidentielle vous avez menti et tenté de manipuler honteusement l’opinion publique, et je ne relèverai ici que 2 exemples parmi d’autres qui immédiatement, illustrent votre comportement.

En effet, dès les premières minutes de votre intervention vous affirmez, je vous cite :

A PROPOS DES OTAGES
Vous prétendez « … la libération d’un certain nombre de personnes qui étaient RETENUES EN OTAGE » (1’14 »)
Oserai-je Monsieur le Président de la République française vous rappelez ici la définition du mot otage ? : « Personne dont on s’empare et qu’on utilise comme moyen de pression contre quelqu’un, un État, pour l’amener à céder à des exigences »
Or les personnes détenues par les Républiques séparatistes de Donetsk et Lugansk ne sont pas des otages mais des soldats des forces armées ukrainiennes fait prisonniers lors des assauts menés contre le Donbass depuis le printemps 2014.

Ils sont libérés dans le cadre d’échange de prisonniers avec Kiev, en application des articles 109 à 117 de la Convention de Genève de 1949, progrès effectivement imputable au « Format Normandie » auquel vous participez et point n° 6 des accords de Minsk.

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Mais, je ne suis pas naïf Monsieur Hollande car l’emploi du mot « otage » venant de votre part n’est pas une erreur sémantique mais bien un usage intentionnel destiné à influencer l’opinion publique qui associe légitimement ce vocabulaire connoté au banditisme et au terrorisme.
A ce propos il faut rappeler que, si le 13 mai 2014, le Parquet général d’Ukraine a effectivement déclaré « organisations terroristes » les Républiques autoproclamées de Donetsk et de Lougansk, en revanche, ni l’ONU ni même l’OTAN, par la voix de son secrétaire général Jens Stoltenberg le 30 janvier 2015, ont accepté cette qualification pour les séparatistes.
A PROPOS DE L’INVASION RUSSE EN CRIMÉE

Un peu plus loin dans votre déclaration officielle, vous affirmez à propos des représailles économiques contre la Russie :

« Ces sanctionselles ont été prononcées après que la Crimée ait été envahie et qu’il y ait eu ce manquement au droit international… »  (2’37 »)

Là encore Monsieur le Président de la République concernant ce référendum de Crimée du 16 mars 2014  je me permettrai de vous rappeler la réalité que la propagande négationniste de Kiev que vous répétez imprudemment, omet volontairement de considérer :

Tout d’abord, il n’y a pas eu « invasion russe » pour la simple et bonne raison que les 24 000 soldats et marins russes présents au moment des événements étaient déjà en garnison dans cette péninsule, qui est historiquement russe comme le prouve la flotte de la Mer Noire à laquelle ils appartiennent, et qui est depuis sa création en 1783 basée dans le port de Sébastopol.
Concernant ce point particulier il ne peut donc y avoir comme vous le prétendez de « manquement au droit international », car le maintien de cette présence militaire russe en Crimée a été autorisée par un accord international entre Kiev et Moscou signé le 28 mai 1997 (en échange entre autre de tarifs gaziers préférentiels)

Quant à la prétendue « invasion russe » dans le Donbass, non seulement aucune preuve n’a été encore présentée par les états majors militaires de l’OTAN, mais leurs représentants reconnaissent même que c’est un fantasme, y compris votre propre Directeur du renseignement militaire, le général Christophe Gomart, au cours de la Commission de la Défense à l’Assemblée Nationale, le mercredi 25 mars 2015.

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maintenant ce référendum d’autodétermination qui n’est pas reconnu par la « communauté internationale » autoproclamée, surtout parce que son résultat ne lui est pas favorable.

En liminaire de ce sujet, il est bon de relever 2 points importants :

– Primo, la Crimée qui n’a été rattachée à l’Ukraine qu’en 1954 sur décision du Président Kroutchev, a toujours exprimé sa volonté de se détacher des décisions prises à Kiev. Ainsi le 20 janvier 1991, lors d’un premier référendum, 94,30 % de votants se prononçaient pour le rétablissement d’une « République socialiste autonome de Crimée ». Plus tard le 27 mars 1994, lors d’un second référendum, ce sont 78.40 % qui réclament un élargissement de l’autonomie de la péninsule.

– Secundo, ce référendum du 16 mars 2014 sur le statut de la Crimée a été observé par 70 observateurs étrangers issus de 23 pays différents, et qui l’ont jugé conforme au droit international et à la Charte des Nations unies. Donc, les 96,77% de votants (sur 86% de participation) se prononçant pour un retour en Russie de leur région n’ont fait que confirmer la volonté exprimée par ce peuple russe depuis plus de 20 ans.

Mais les occidentaux ont aussitôt dénoncé la légalité de ce référendum, arguant notamment du fait qu’il n’avait pas été organisé sur l’ensemble du territoire ukrainien tel que le précise l’article 73 de la Constitution ukrainienne qui interdit les référendums locaux.  Cette condamnation arbitraire a provoqué la mise en oeuvre de représailles économiques contre la Fédération de Russie, que vous appelé.

Certes, mais peut-on raisonnablement piétiner et brûler une constitution un jour sur le Maïdan et le lendemain faire référence à elle pour contester un référendum populaire ? Car de fait le coup d’état du Maidan a provoqué une rupture constitutionnelle à Kiev alors que la Crimée autonome a toujours sa constitution régionale du 12 janvier 1999 .

J’ose vous rappeler que l’article 1 (point 2) et 55 de la charte des Nations Unis du 26 juin 1945 reconnait et protège « Le droit des peuples à disposer d’eux mêmes » 

Or l’expression de ce droit par référendum populaire local, Monsieur le Président ne semblait pas déranger la France par exemple 17 février 2008 au Kosovo, pourtant province méridionale d’un état souverain de l’ONU, la Serbie et qui n’a pas non plus été consulté dans son ensemble. Dans une démarche inversée, mais avec le même esprit, lors de la consultation organisée dans les Grandes Comorres françaises le 22 décembre 1974, alors que la majorité de la population réclame l’indépendance, Paris décide de valider la volonté contraire des habitants de Mayotte et de maintenir cette île au sein de la République…

Donc, Monsieur le Président de la République, votre condamnation du référendum de Crimée, fallacieux prétexte aux « sanctions anti-russes, n’est de fait que la pratique d’un « 2 poids, 2 mesures » qui révèle la partialité malhonnête de la politique occidentale actuelle et qui surtout, insulte les peuples et les valeurs démocratiques que vous prétendez pourtant défendre.

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Pour en finir Monsieur Hollande, que vous accueilliez par obligation diplomatique, parce qu’il est Président de l’Ukraine, le criminel de guerre Porochenko dont l’armée bombarde chaque jour la population civile du Donbass, est un fait, qui même difficile à accepter, ne peux vous être reprocher.

Mais que vous vous soumettiez ainsi, et de manière caricaturale, à la doxa d’une propagande de guerre haineuse et mensongère visant à stigmatiser la Russie et l’accuser des crimes commis par Kiev contre la population du Donbass, est tout simplement inadmissible et indigne de la fonction que vous exercez.

De plus Monsieur Hollande, par vos propos partiaux, irresponsables et bellicistes, vous trahissez gravement la mission de médiateur qui vous a été confiée dans les négociations des accords de Minsk et de « ce format Normandie qui a été le cadre qui a permis la reprise des dialogues »comme vous avez encore l’outrecuidance de prétendre (00’40 ») Comment en effet prétendre œuvrer pour la résolution pacifique d’un conflit quand en se faisant le porte parole propagandiste d’un des belligérants, vous jetez de l’huile sur le feu ?

J’avais espéré de votre part qu’à la fin de votre mandat présidentiel pitoyable, à défaut d’un sursaut politique miraculeux, vous fassiez preuve au moins d’un acte de courage international qui aurait rendu à vos fonction et personne un peu de cet humanisme qui est tant sacrifié au nom d’intérêts financiers et amoraux…

Au lieu de cela Monsieur Hollande, vous pérorez aux côtés d’un criminel que vous flattez d’un discours honteux de collabo dont le seul avantage, sachez-le, est qu’il vous assure (peut-être !) une voie de garage ukrainienne dès 2017, à l’image du mafieux Saakachvilli, l’ex-président géorgien.

Pendant que vous vous exerciez Monsieur Hollande, à votre lamentable diatribe russophobe, des femmes et des enfants du Donbass pleuraient sous des bombardements ordonnés par votre cynique voisin de tribune…

Voilà pourquoi Monsieur le Président de la République française, je vous prie d’accepter en conclusion, l’expression des sentiments les plus bas que votre comportement m’inspire…

Erwan Castel, volontaire français en Novorossiya.

Obs : La déclaration commune du 21 juin 2016 , le lien : ICI


Déclaration conjointe avec Petro Porochenko… par elysee

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