« Les événements en Macédoine sont grossièrement dirigés de l’extérieur »

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Réponse du Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov au sujet de la Macédoine dans le cadre de l’heure gouvernementale au Conseil de la Fédération de l’Assemblée fédérale de la Fédération de Russie, Moscou, le 20 mai 2015

 

Question: Une nouvelle révolution de couleur se déroule, de fait, en Macédoine. Comme la phase initiale du scénario ukrainien. Ne pensez-vous pas qu’il serait temps d’agir plus activement contre ces révolutions en Europe? Il serait peut-être utile de recourir, à l’étape anticipée des coups d’Etat, aux mécanismes internationaux comme l’OSCE, le Conseil de sécurité des Nations unies pour que le changement de pouvoir dans les Etats ne devienne pas une pratique normale ?

 

Sergueï Lavrov: Je suis entièrement d’accord avec vous. Cela nous préoccupe fortement. Les événements en Macédoine sont grossièrement dirigés de l’extérieur. On tente d’accuser le gouvernement de Nikola Gruevski d’incompétence, de dire qu’il ne tient pas ses engagements devant la population – on l’accuse de beaucoup de choses. Mais derrière cela on distingue une volonté de faire pression sur lui après son refus d’adhérer aux sanctions contre la Russie. Nous savons parfaitement qu’il a subi de telles pressions pour avoir soutenu le projet South Stream, comptant activement sur ce dernier dans l’intérêt du pays. Il se dit prêt aujourd’hui à coopérer pour réaliser d’autres moyens d’acheminer des hydrocarbures russes vers le Sud de l’Europe, y compris le gazoduc Turkish Stream. Il est très regrettable et dangereux qu’on tente d’utiliser le facteur albanais pour déstabiliser le gouvernement de Nikola Gruevski.


Il y a des années, de fortes contradictions opposaient les Slaves et les Albanais. L’accord d’Ohrid a été alors conclu [le 13 août 2001] pour établir la paix et l’entente. Puis, quand au cours des contacts avec l’UE on soulevait le thème des droits des Russes et des russophones en Estonie et en Lettonie, nous posions la question suivante: «Pourquoi, après avoir soutenu l’accord d’Ohrid et accordé aux Albanais de Macédoine des droits conséquents, vous ne pourriez pas faire la même chose pour les Russes en Estonie et en Lettonie?» Nous n’avons pas eu de réponse. Néanmoins, le conflit en Macédoine avait été réglé.

Aujourd’hui, on dit déjà que la Macédoine devrait être «fédéralisée» encore plus profondément, pour qu’elle devienne une «fédération souple», voire une «confédération». Certains proposent même de la fractionner comme un Etat artificiel en donnant une partie à la Bulgarie et l’autre à l’Albanie. Sans tenir compte de la Macédoine, à Tirana, le premier ministre de ce pays parle de «Grande Albanie». Les leaders des partis albanais de Macédoine se rendent à Tirana pour y recevoir des instructions. En parallèle, l’ambassadeur américain de Skopje convoque chez lui les leaders des partis politiques et de l’opposition. Fin avril 2015 a même été organisé un voyage des représentants permanents de certains pays occidentaux et de l’UE auprès de l’OSCE: cinq ou six personnes sans mandat du Conseil permanent de l’OSCE se sont rendus à Skopje en se faisant passer pour une «mission de l’OSCE». Ils ont exprimé des prescriptions et des exigences envers Nikola Gruevski. Pour que cela ne se reproduise pas, nous avons demandé au siège, au Secrétaire général, au Président de l’OSCE (actuellement le Ministre serbe des Affaires étrangères Ivica Dacic) de tirer la situation au clair, et il nous a été rapporté comment cela avait pu se produire.

Compte tenu du nombre de ces médiateurs autoproclamés, j’ai proposé hier au Comité des ministres du Conseil de l’Europe que le Secrétaire général du Conseil de l’Europe, peut-être avec le Secrétaire général de l’OSCE, se rende à Skopje pour parler avec tous les acteurs de ces processus et soumette ses recommandations à l’examen des structures intergouvernementales.
Nous le prenons très au sérieux. Je pense que vous avez raison, et qu’à terme il faudra de la même manière, voire plus activement, agir par anticipation, exiger des organisations internationales qu’elles envoient des experts indépendants, des représentants de secrétariats pour ensuite rendre des comptes. Pour que les décisions soient prises collégialement, dans le cadre de structures légitimes, et non «en douce».

 

Source: www.mid.ru

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