Les principes fondamentaux de l’UE Au sujet du referendum sur l’appartenance de la Grande-Bretagne à l’Union européenne

par Richard A. Werner

Le 20 juin 2016, trois jours avant le vote des Britanniques concernant le retrait de l’Union européenne, le professeur Richard A. Werner a publié le texte ci-dessous. Il est de grande importance – avant et après le référendum.

La population britannique doit être au clair sur l’option exacte qu’elle choisira lorsqu’elle votera au référendum sur l’UE mardi prochain. Que signifie vraiment rester dans l’UE ? Et que signifie en sortir ?

En ce qui concerne la seconde question, le problème dominant du débat a été la question de savoir si la sortie du Royaume-Uni aurait un impact négatif significatif. David Cameron, le Premier ministre, ainsi que les dirigeants du FMI, de l’OCDE et de diverses agences européennes ont lancé des cris d’alarme inquiétants concernant la diminution de la croissance économique, la dégradation de la situation financière, le fléchissement de la devise nationale et le déclin accéléré des importations britanniques. George Osborne, le Chancelier de l’échiquier, a menacé de diminuer les retraites si les retraités osaient voter en faveur du Brexit. Mais, dans les faits, qu’en est-il ?

J’ai été formé à l’économie internationale et monétaire à la London School of Economics et suis titulaire d’un doctorat en économie de l’Université d’Oxford. J’ai également testé récemment, avec l’aide de techniques quantitatives avancées, la question de l’importance de l’impact sur la livre (GDP) d’une entrée ou d’une sortie de l’UE et de la zone euro. La conclusion en est que cela ne fera aucune différence pour la croissance économique et toute personne se réclamant d’une opinion contraire n’est pas guidée par les faits. La raison en est que la croissance économique et le revenu national sont presqu’entièrement déterminés par un facteur décidé en interne, c’est-à-dire le montant du crédit bancaire généré à des fins productives. Malheureusement, il a été très réduit au Royaume-Uni au cours des dernières décennies, ce qui veut dire qu’une croissance économique beaucoup plus importante sera possible dès que des mesures auront été prises pour booster le crédit bancaire à des fins productives – indépendamment du fait que le Royaume-Uni reste dans l’UE ou non (quoique le Brexit faciliterait grandement l’adoption de ces politiques). Nous devrions aussi nous rappeler qu’une économie beaucoup plus réduite, telle la Norvège – pourtant beaucoup plus dépendante du commerce international – a affiché d’excellents résultats après que ses électeurs aient rejeté l’adhésion à l’UE dans un référendum organisé en 1995 (ce qui s’est produit en contradiction avec les menaces et les avertissements les plus alarmants de la part des élites tous partis confondus, de la plupart des médias et du chœur unanime des dirigeants des organisations internationales). D’autre part, le Japon, la Corée, Taiwan et la Chine n’ont jamais eu besoin d’appartenir à l’UE pour passer d’un statut d’économie en développement à celui de nations industrialisées de premier plan en moins d’un demi-siècle. L’argument des conséquences économiques désastreuses suite au Brexit est tout simplement bidon.

Le rapport des «Cinq présidents»

En ce qui concerne la première question, c’est-à-dire ce que signifierait rester dans l’UE, nous devrions nous en rapporter à l’UE elle-même. Heureusement, l’UE a publié un rapport officiel important à propos de ses politiques essentielles et ce qu’elle entend réaliser dans un futur proche, en octobre 2015. Ce rapport a été publié sous le nom des «Cinq présidents» de l’UE. Pour le cas où vous n’auriez pas remarqué qu’il existe, non pas un, mais cinq présidents de l’UE, ce sont: le président non-élu de la Banque centrale européenne, ancien de Goldman Sachs, Mario Draghi; Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne; le Commissaire non-élu de Bruxelles et président de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem; le président du sommet de la zone euro, Donald Tusk, et le président du Parlement européen, Martin Schulz. Quel est le message qu’envoient ce nombre non négligeable de présidents de l’UE au sujet de la direction prise par l’UE? Le titre de leur rapport conjoint donne un indice: «Rapport des cinq présidents (sic): «Réalisation de l’Union économique et monétaire européenne».
(https://ec.europa.eu/priorities/publications/five-presidents-report-completing-europes-economic-and-monetary-union_en)
Le rapport démarre sur une preuve de franchise en déclarant qu’«avec plus de 18 millions de chômeurs dans la zone euro, il reste encore beaucoup à faire pour améliorer les politiques économiques» à l’intérieur de l’UE.

Bien dit. Mais que faut-il faire exactement ?

«L’Union économique et monétaire (UEM) de l’Europe d’aujourd’hui ressemble à une maison en construction depuis des décennies, mais seulement partiellement terminée. En cas de tempête, ses murs et son toit doivent être rapidement stabilisés. Il est à présent grand temps de renforcer ses fondations et d’en faire ce que l’UEM devrait être […].»
«Il nous faut poursuivre les mesures d’achèvement de l’UEM.»
Les planificateurs de la centrale bruxelloise et de la BCE à Francfort ne sont pas sans se rendre compte que sous leurs ordres, une dislocation économique sans précédent dans l’histoire s’est produite en Europe durant les dix dernières années, incluant des bulles financières et immobilières, des crises bancaires et un chômage de masse dans tous les pays périphériques – avec un taux de chômage des jeunes de plus de 50% en Grèce, en Espagne et au Portugal, ainsi qu’une absence, aux frontières extérieures de l’UE, de véritables contrôles censés empêcher l’afflux d’une quantité sans précédent d’immigrés économiques et illégaux.

Une plus grande concentration de pouvoir dans l’UE

Cependant, les planificateurs de la centrale de l’UE nient totalement que ces problèmes soient le résultat de leurs politiques malavisées et désastreuses. En fin de compte, ils soutiennent que la solution à ces problèmes ne peut être qu’une plus grande concentration de pouvoirs entre leurs mains: «Il faut plus d’Europe» comme le professe Mme Merkel (cf. les affirmations de Mme Merkel au sujet de l’UE: www.euractiv.com /section /eu-priorities-2020/news/merkel-calls-for-political-union-to-save-the-euro) C’est ce qu’ils se proposent de réaliser dans les années à venir, en réunissant tous les Etats membres de l’UE dans un seul pays.
Ainsi le rapport des cinq présidents établit clairement que l’Europe n’est pas simplement une zone de libre-échange. Ce projet a pris du retard avec le Traité de Maastricht en 1992 et un genre d’Europe totalement différent a été entériné avec la Constitution européenne de 2007 – appelée «Traité de Lisbonne» depuis que les Européens l’ont rejetée lors de divers référendums. (voir ce qu’en dit l’auteur de la Constitution européenne rejetée: www.independent.co.uk/ voices/commentators/valeacutery-giscard-destaing-the-eu-treaty-is-the-same-as-the-constitution-398286.html). Au lieu de quoi l’UE forme le projet d’abandonner toute souveraineté nationale, d’abolir les frontières intérieures et de refondre toutes les nations européennes qui n’ont pas réussi à en sortir à temps en un seul nouveau pays, commun et fusionné, avec un seul gouvernement central européen, une seule politique monétaire européenne et centralisée, une seule politique fiscale européenne et une règlementation européenne centralisée, incluant les marchés financiers et le système bancaire. Ces Etats-Unis d’Europe, un Léviathan anti-démocratique que les peuples européens n’ont jamais souhaité est le point culminant d’un mantra toujours ressassé d’une «union toujours plus étroite».

«Mis en place continuellement et en catimini sur plusieurs décennies»

Ce projet a été mis en place continuellement et en catimini sur plusieurs décennies, malgré de graves maladresses politiques et des scandales impliquant les planificateurs centraux (par ex. en 1999, quand la totalité de la Commission européenne – le gouvernement non-élu et le cabinet du super-Etat européen – a démissionné en catastrophe, lorsqu’il fut révélé qu’ils avaient accepté des pots-de-vin et s’étaient livrés à diverses fraudes, tandis que la Cour des comptes européenne refusait à plusieurs reprises d’approuver les registres comptables officiels de l’UE).
La ligne économique est claire: il n’y a pas besoin d’être membre de l’UE pour prospérer sur le plan économique et en sortir n’aura pas nécessairement d’impact sur la croissance économique du Royaume-Uni. Le Royaume-Uni peut rester dans l’Espace économique européen, comme la Norvège l’a fait, ou conclure tout simplement des accords commerciaux, comme l’a fait la Suisse et profiter du libre-échange – le meilleur atout des accords européens aux yeux du public. La ligne politique est claire, elle aussi: le super-Etat européen qui a déjà été mis au point n’est pas démocratique. Le soi-disant «Parlement européen», seul exemple parmi les parlements, ne peut proposer aucune législation – les lois sont toutes formulées et proposées par la Commission européenne, non-élue!
Comme un observateur russe l’a remarqué, le Parlement européen est un simulacre qui approuve tout sans discuter, tout comme l’était le parlement soviétique à l’époque de l’Union soviétique, alors que le gouvernement non-élu est la Commission européenne – le Politburo – regorgeant de commissaires politiques.

L’élite financière se trouve derrière

Les grandes entreprises et les grandes banques, ainsi que les banques centrales et le FMI, constituent l’élite financière qui se trouve derrière cette concentration intentionnelle de pouvoir – rassemblant toujours plus de pouvoir dans les mains d’un nombre toujours plus réduit. La nature antidémocratique des institutions européennes a atteint un tel niveau que j’ai entendu récemment un membre fraichement retraité du conseil dirigeant de la BCE confesser en privé que son plus grand souci était la nature antidémocratique et l’accroissement des pouvoirs de la BCE, détournés de façon exponentielle à des fins politiques. On a noyé ces faits sous le constant goutte-à-goutte d’une propagande émanant des puissantes élites qui sont derrière la création des Etats-Unis d’Europe.

«Important soutien apporté par les Etats-Unis»

Durant toutes ces années et ces décennies de transferts réguliers des pouvoirs et de la souveraineté des Etats-nations et de leurs assemblées démocratiquement élues à la bureaucratie non-élue de Bruxelles, j’ai été constamment étonné de l’important soutien apparent que les Etats-Unis y apportaient. Chaque fois que le processus de «toujours plus d’union» semblait se heurter à un ob­stacle, le président américain – sans distinction de nom ou de parti – est intervenu pour, en des termes dénués d’indécision, rappeler aux Européens brouillons de faire de cohérence et d’accélérer l’unification de l’Europe en un seul Etat. Quand j’étais jeune et naïf, cela m’avait vraiment fortement surpris. De la même façon, les électeurs britanniques se sont vus rappeler récemment par le président américain Obama qu’abandonner l’Europe n’était pas une bonne idée et qu’ils feraient mieux de voter pour rester.
Alors qu’il n’est pas surprenant que l’élite mondiale, ayant bénéficié de la tendance au regroupement de pouvoir, devienne de plus en plus hystérique dans ses tentatives de persuasion de l’électorat britannique pour qu’il vote son maintien dans l’UE, les raisons qui poussent le président des Etats-Unis et son gouvernement à tenir autant au projet européen sont moins claires. Par le passé, les médias européens nous ont dit que la concentration du pouvoir économique et de la décision politique en Europe avait été mise en œuvre pour faire contrepoids à la domination américaine. Cela a paru motiver des votes pro-UE. Le président américain a certainement dû en entendre parler?
Il y a un autre mystère. Hier, justement, j’ai trouvé dans la boîte aux lettres de ma maison de Winchester une impressionnante brochure intitulée «Fondamentaux de l’UE – Votre guide pour le référendum». Elle avait été éditée par une organisation appelée «Mouvement européen». Le fascicule de 16 pages, en couleur et sur papier glacé, argumentait en faveur du maintien du Royaume-Uni dans l’UE. Qui est ce «Mouvement européen» et qui le finance ? Cette organisation peu connue semble suffisamment puissante financièrement pour adresser une brochure de haute qualité dans chaque foyer du Royaume-Uni.

Opérations clandestines américaines depuis 1945

La déclassification de dossiers autrefois tenus secrets a résolu les deux mystères. Car, en fin de compte, ils sont liés. Comme le dit Richard Aldrich, professeur à l’Université de Nottingham:
«L’utilisation d’opérations clandestines pour la promotion spécifique de l’unité européenne a attiré peu d’attention scientifique et demeure mal comprise. […] L’injection discrète de plus de trois millions de dollars entre 1949 et 1960, émanant en grande partie de sources gouvernementales américaines, était au centre des efforts pour récolter un support massif au Plan Schuman, à la Communauté de défense européenne et à une assemblée européenne dotée de pouvoirs souverains. Cette contribution secrète a toujours contribué à la moitié au moins du budget du Mouvement européen et, après 1952, probablement aux deux-tiers.
Simultanément, on a cherché à miner la forte résistance du gouvernement travailliste britannique aux idées fédéralistes […]. Il est aussi particulièrement frappant que la même petite bande de hauts fonctionnaires, la plupart d’entre eux issus de la communauté du renseignement de l’Ouest (donc américain), étaient au centre du soutien apporté à trois des plus importants groupes d’élites transnationales apparus dans les années 50: le Mouvement européen, le groupe Bilderberg et le ‹Comité d’action Jean Monnet pour les Etats-Unis d’Europe› (CAEUE). Finalement, à une époque où les anti-fédéralistes britanniques voyaient dans une ‹relation spéciale› prolongée avec les Etats-Unis une alternative (et peut-être un refuge) au fédéralisme européen, il est ironique que des initiatives fédéralistes europe?ennes aient été soutenues par un appui américain».
Il y a encore bien plus à lire dans ce morceau explosif de recherche scientifique: (Richard J. Aldrich (1997), «OSS, CIA and European unity: The American committee on United Europe, 1948–60», Diplomacy?&?Statecraft, 8(1), pp. 184–227, en ligne sur: www.tandfonline.com/doi/ abs/10.1080/09592299708406035#.V2exrU36voo)

Résultats importants de la recherche scientifique

Ambrose Evans-Pritchard, journaliste britannique et ancien correspondant à Bruxelles, a été le seul journaliste à commenter ces résultats de recherches universitaires dans deux articles parus en 2000 et 2007:
«Des documents déclassifiés américains montrent que la communauté du renseignement américain a mené une campagne dans les années cinquante et soixante pour créer une dynamique en faveur d’une Europe unie […]. Le renseignement américain alimentait secrètement les fonds du Mouvement européen, à hauteur de plus de la moitié de son budget. Certains des pe?res fondateurs de l’Europe émargeaient sur la liste des salariés américains […].
Les documents confirment les soupçons, émis à l’époque, que l’Amérique déployait en coulisses d’énormes efforts pour pousser la Grande-Bretagne vers un Etat européen. N’oublions pas que les Français ont dû être trainés à leur corps défendant à la table des négociations fédéralistes au début des années cinquante. Eisenhower menaça d’interrompre le plan Marshall si Paris n’embrassait et ne faisait pas la paix avec Berlin. Le Français Jean Monnet, tête pensante de l’UE, passait pour un agent américain – ce qu’en fait, il était. Monnet était l’homme-à-tout-faire de Roosevelt en Europe pendant la guerre et orchestra les efforts (ratés) des Américains pour empêcher de Gaulle de prendre le pouvoir.
Un mémo daté du 26 juillet 1950 donne des instructions pour une campagne de promotion d’un parlement européen à part entière. Il est signé du général William Donovan, chef du bureau américain des services stratégiques en temps de guerre, précurseur de la CIA. […] L’outil principal de Washington dans le façonnage de l’agenda européen était le ‹Comité américain pour une Europe unie›, créé en 1948. Son président était Donovan, opérant à l’époque prétendument en tant qu’avocat privé. Le vice-président était Allan Dulles, le directeur de la CIA dans les années cinquante. Le Conseil incluait Walter Bedell Smith, le premier directeur de la CIA et un fichier d’ex-personnalités et autres responsables de l’OSS qui entraient et sortaient de la CIA. Les documents montrent que le CAEUE finançait le Mouvement européen, l’organisation fédéraliste la plus importante des années d’après-guerre. En 1958, par exemple, il était à l’origine de 53,5% des fonds du mouvement. La ‹Campagne européenne pour la jeunesse›, une branche du Mouvement européen, était entièrement financée et contrôlée par Washington.

«Hommes de main des sponsors américains»

Les leaders du Mouvement européen – Retinger, le visionnaire Robert Schuman et l’ancien Premier ministre belge Paul-Henri Spaak – étaient tous considérés comme des hommes de main par leurs sponsors américains. Le rôle des Etats-Unis était géré comme une opération secrète. Le financement de le CAEUE venait des fondations Ford et Rockefeller ainsi que d’entreprises commerciales en liaison avec le gouvernement américain.
Le chef de la Fondation Ford, l’ancien officier de l’OSS Paul Hoffman, servait également de directeur de le CAEUE à la fin des années cinquante. Le Département d’Etat jouait lui aussi un rôle. Un mémo de la Section européenne, daté du 11 juin 1965, enjoint Robert Marjolin, vice-président de la Communauté économique européenne, de poursuivre en secret l’union monétaire.
Il recommande de supprimer les débats jusqu’à ce que «l’adoption de ces propositions devienne virtuellement incontournable».
Cinquante ans après le Traité de Rome, les architectes de la politique américaine de l’après-guerre seraient assez contents, je pense, s’ils pouvaient revenir aujourd’hui. […]»
(Extrait de: Ambrose Evans-Pritchard, «Euro-federalists financed by US spy chiefs», «The Daily Telegraph», 19/9/2000; www.telegraph.co.uk/news/worldnews/ europe/1356047/Euro-federalists-financed-by-US-spy-chiefs.html et Ambrose Evans-Pritchard, «The scare of a superstate has passed, but do we want to lose the EU altogether?», «The Daily Telegraph», 7/4/07).
Il n’y a donc pas à s’étonner si M. Evans-Pritchard en arrive maintenant à la conclusion qu’il votera pour le Brexit: www.telegraph. co.uk/business/2016/06/12/brexit-vote-is-about-the-supremacy-of-parliament-and-nothing-els/

L’UE – le produit d’une importante opération des services secrets américains

La révélation que l’UE est le produit d’une importante opération des services secrets américains – en fait juste un leurre secret de plus, créé par la CIA (occupant la place d’honneur dans le musée des horreurs qui comprend des opérations sous fausse bannière, des invasions, des coups d’Etat et l’implantation d’organisations telles qu’al-Qaïda et Daech) – résout le troisième mystère, c’est-à-dire comment diable les prétendues nations démocratiques d’Europe ont pu concevoir une telle structure anti-démocratique, virtuellement dictatoriale. Avec l’UE/ Etats-Unis d’Europe, les Etats-Unis non seulement atteignent leur but géostratégique en Europe, mais éliminent également ces agaçants Parlements nationaux qui peuvent à l’occasion se mettre en travers du chemin de la politique étrangère des Etats-Unis ou de la CIA. Et une autre énigme est résolue, celle de la raison qui a poussé l’UE à répondre si promptement à une requête américaine d’il y a quelques années, afin que les agences d’espionnage américaines aient accès à tous les courriels et appels téléphoniques en Europe …

Elimination de la souveraineté et soumission aux intérêts américains

Un vote pour rester dans l’UE est donc un vote destiné à abolir le Royaume-Uni en tant qu’Etat souverain et à l’incorporer aux – antidémocratiques – Etats-Unis d’Europe que les élites européennes sont en train de construire sous tutelle américaine. Que les citoyens européens – et semble-t-il même les politiciens européens – ne soient pas ou peu consultés pour les décisions-clés européennes, on peut s’en apercevoir dans l’attitude de plus en plus agressive de l’OTAN envers la Russie (L’OTAN, basée à Bruxelles, étant pour l’UE sa branche militaire, ouvertement sous contrôle américain) et dans les sanctions unilatérales envers la Russie que les Etats-Unis peuvent tout simplement ordonner aux Européens d’appliquer (entrainant ainsi des pertes significatives en termes de revenus et d’emplois en Europe, dans le même temps qu’elles renforcent les intérêts commerciaux américains).
Les politiques d’immigration en sont un autre exemple. Si les Etats-Unis ont considéré par le passé les populations européennes, largement homogènes, comme une source potentielle de résistance locale à leurs projets pour l’Europe, alors leur politique – tendant à les remplacer par des sortes de «melting pots» balkanisés et avortés – prend tout son sens.
En 1995, la Norvège a voté au sujet de son adhésion à l’UE. Les partis au pouvoir étaient tous en faveur de cette adhésion. Les grands groupes internationaux, les banques centrales, les principaux médias et les animateurs TV harcelèrent et flattèrent alternativement et frénétiquement les électeurs norvégiens pour qu’ils votent «oui». Ceux-ci restèrent sur leurs positions et votèrent «non». La Norvège s’en est très bien tirée. Et le Royaume-Uni s’en tirera encore mieux.
Source: https://professorwerner.wordpress. com/2016/06/21/eu-basics-your-guide-to-the-uk-referendum-on-eu-membership/
(Traduction Horizons et débats)

hd. En lien avec l’UE, le terme «fédéraliste» a un sens spécifique et exprime en première ligne la remise croissante des droits souverains des Etats-nations à la centrale bruxelloise.

Richard A. Werner est Allemand et spécialisé en sciences économiques et professeur en système bancaire international. En 1989, il termine ses études universitaires à la London School of Economics, puis il obtient son doctorat en économie politique (notamment économie et système bancaire du Japon) à l’Université d’Oxford. Dès 1990, il poursuit des études à l’Université de Tokyo à l’institut de recherche sur la création de capitaux de la Banque de développement japonaise. Puis suivent diverses activités au Japon et auprès de la banque de développement asiatique. Il publie en 2001 ses analyses sur les dessous de la crise japonaise dans un livre intitulé «Princes of the Yen» qui rencontra un vif succès. En 2004, Richard Werner obtint une chaire à l’Université de Southampton en Angleterre. Actuellement, il est professeur en système bancaire international et directeur du département pour le développement international et directeur (fondateur) du «Centre for Banking, Finance and Sustainable Development». Il a souvent aussi des engagements en tant que professeur invité à l’Université Johann Wolfgang Goethe de Francfort. M. Werner est également membre fondateur de Local First CIC, une entreprise d’utilité publique préparant l’introduction de banques locales en Angleterre selon le modèle des caisses d’épargne et des banques coopératives allemandes.

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