Les élections en Russie – 75% en faveur de «Russie unie» La voie de Poutine confirmée par une majorité constitutionnelle

 Par Robert Stelzl, spécialiste de la Russie au «Centre européen d’analyses géopolitiques de Vienne».

poutine-voteLe 18 septembre dernier, les élections ont eu lieu en Russie. Les 450 sièges de la Douma russe ont été redistribués dans une période globalement tendue. Il faut se rappeler que les élections dans le plus grand pays du monde représentent un énorme défi logistique, vu les douze fuseaux horaires, les 110 millions d’électeurs et les 90 000 bureaux de vote.

Dans un climat international de propagande occidentale contre la Russie, que ce soit en raison de la Crimée, du Donbass, de la Syrie, d’Edward Snowden ou même du Brexit, est d’autant plus surprenant que les pires tirades n’aient cette fois pas eu lieu. Que s’est-il passé ?

Ouverture et transparence offensives au préalable des élections.

Suite aux vives protestations lors des élections à la Douma russe de 2011, on s’est concentré sur la préparation irréprochable des élections de cette année. Il fallait que la légitimité et la transparence soient incontestables pour ne laisser aucun doute sur la conformité de ces élections avec les normes prévalant dans d’autres États démocratiques développés et le droit international. Pour l’observation des élections, le président de la Douma russe Sergei Narischkin invita donc à temps les représentants parlementaires des États de la Communauté des États indépendants (CEI), les représentants parlementaires des États membres de l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC), l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), le président des Parlements des États du Mercosur (=communauté économique regroupant plusieurs pays d’Amérique latine), l’Assemblée interparlementaire de l’Orthodoxie et ainsi de suite. En fin de compte, plus de 1.000 observateurs électoraux ont suivi l’invitation à venir en Russie.

Cependant, le facteur de légitimité le plus important était l’atmosphère au sein de la population: celle-ci a perçu ces élections comme étant ouvertes et équitables. Alors qu’en 2011, selon le Centre analytique Levada, une ONG russe indépendante de recherches sociologiques et de sondages, 31% des personnes sondées soupçonnaient des fraudes électorales, elles n’étaient cette année que 13%.

Lors des élections de cette année, 14 partis parvinrent à s’enregistrer en tant que candidats au niveau national – plus du double du nombre enregistré en 2011. La barrière pour l’entrée dans la Douma fut réduite de manière significative de 7% à 5%. Cette année, toutes faveurs ou facilitations pour les candidats du parti gouvernemental furent clairement éliminées. Le cas du puissant conseiller d’État de la République de Yakoutie Andrey Borisov (Russie unie) n’ayant pas réussi à s’enregistrer, suite au nombre insuffisant de signatures de soutien valables, a été très remarqué dans tout le pays. N’ayant obtenu aucune aide ou indulgence, Borisov a dû jeter l’éponge.

Honneur et soutien pour la voie patriotique de Poutine et non pas pour le «wishful thinking» des «think tanks» occidentaux.

Avec 54,28%, la «Russie unie» a obtenu 140 mandats et 203 mandats directs. Avec 343 mandats sur 450 mandats au total, le parti présidentiel obtint pour la première fois la majorité constitutionnelle avec ¾ des sièges. Seuls les communistes, le parti «Russie juste» et «Parti libéral-démocrate de Russie» de M. Jirinovski ont également réussi l’entrée dans la Douma d’État. Compte tenu du résultat de ces élections, le silence des médias occidentaux habituellement antirusses est assez surprenant. Mais, puisque les représentants des partis d’opposition reconnaissaient aussi clairement le bon déroulement de ces élections, il n’y avait plus guère d’autres interlocuteurs pour des commentaires venimeux que la compagne de Boris Nemtsov ou le très restreint club des supporters des Pussy Riot.

L’acceptation, auparavant déjà très marginale, des organisations et partis politiques soutenus par l’Occident semble, suite à la fin parlementaire de Jablonko, définitivement terminée. Les strictes lois sur la transparence et le manque d’«opportunités d’investissement» – pour créer des troubles et des révolutions oranges et toutes sortes d’autres «bonnes œuvres» hautement rémunérées par un certain M. Soros – ont empêché toute intervention de l’extérieur dans ces élections.

De véritables normes face aux «normes occidentales».

C’est ainsi que les efforts visant à établir une véritable société civile ont pu se développer en toute tranquillité. L’initiative de Poutine concernant la réforme du système juridique, accélérée depuis 2011, visait à faciliter la candidature des partis aux élections ainsi que la procédure d’inscription et encourageait également les forces de l’opposition à participer avec les mêmes conditions. En outre, la campagne électorale profita des excellentes qualités organisationnelles du chef adjoint de l’administration présidentielle Vyacheslav Volodin, ayant déjà mené à bien les élections présidentielles de 2012 et maintenant les élections pour la Douma d’Etat de 2016.

La campagne électorale a été marquée par une grande retenue des supports publicitaires. Même à Moscou, il n’y avait guère d’affiches des divers partis. «Russie unie» a expliqué cela par la situation économique tendue et que le gaspillage d’argent pour des publicités électorales ne correspondait pas à la volonté de l’électorat.
Voilà un point de vue limpide et inspirant, notamment si l’on observe la campagne électorale américaine, où le budget officiel de la campagne de Hillary Clinton s’élève à 250 millions de dollars – alimenté par des sources illustres tels que les entreprises de l’armement et les gardiens saoudiens des villes saintes de la Mecque et de Médine – pour transmettre les «valeurs démocratiques» ou pour simplement communiquer l’état de santé de Mme Clinton.

Le grand succès de «Russie unie», cette fois aussi dans les grands centres urbains, est dû également au fait que cette année tout citoyen avec droit de vote était autorisé à se présenter dans le cadre de son parti comme candidat pour une procédure de sélection totalement transparente. Cela a conduit à un grand nombre de nouveaux candidats et députés élus. Jamais auparavant la composition de la Douma n’a donné un reflet aussi représentatif de la population, des divers groupes professionnels et des couches sociales. Cela a également contribué de manière significative à la légitimation des élections. La militante des droits civiques Ella Pamfilova, internationalement reconnue et très respectée en Russie, a dirigé la Commission électorale centrale. Le 22 septembre 2016, la Commission électorale a décidé que les résultats de 9 bureaux de vote (sur environ 90.000) devaient être annulés suite à des irrégularités – un résultat dont nous autres Autrichiens ne pouvons que rêver, compte tenu de nos élections présidentielles échouées à plusieurs reprises.

(Traduction Horizons et débats)

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.